PERIPLE VERT SUR LA ROUTE DE LA SOIE

Publié par Olivier Andriamasilalao

Sur les routes du sud, les cultures sur brûlis, la déforestation massive risquent d’engendrer une catastrophe écologique et humanitaire si rien n’est entrepris pour éduquer le citoyen aux enjeux environnementaux. En 2005, pour les fondateurs de Miaramandroso, aujourd’hui, Maniry, participant au village de Madagascar à la RNS, l’état des lieux devient un état d’urgence.

Lorsque ceux qui deviendront les fondateurs de Maniry s’intéressent à la région de Fianarantsoa, c’est d’abord l’art zafimaniry* qui attirera leur attention. Entre curiosité et admiration, le regard se portera ensuite sur les demeures locales. Car l’emboîtement des poutres et le traitement du bois tout en palissandre relèvent d’une réflexion architecturale étonnante, privilégiant solidité et pérennité des structures.

Mais la fibre verte l’emportera sur les velléités d’un projet sur l’art de la sculpture d’Ambositra. Le verdict est, en effet, sans appel. Le péril vert menace pour s’étendre sous les yeux de nos visiteurs venus découvrir les terres de leurs ancêtres durant des voyages réguliers où «la beauté et l’intelligence de certaines traditions n’échappent pas à notre sensibilité », sourit Christian Ratsimba, fondateur de Maniry, participant au village de Madagascar à la RNS, en 2009 et 2010. Pour autant, l’art des palabres et des kabary ancré dans l’imaginaire des fondateurs de Maniry ne suffit plus. L’engagement va désormais opérer une greffe durable sur le retour aux sources et l’apprentissage des coutumes.

Les efforts conjugués de ASASOA France Madagascar et CLICHY Madagascar vont ainsi tresser le premier canevas du projet avec la création de l’association Miaramandroso en 2005 et peu à peu, la trame d’un partenariat avec une ONG qui aide à la construction de l’autonomie et la professionnalisation des savoir-faire, sources de revenus stables et à l’amélioration des produits des tisserandes locales.

Dans la région d’Ambositra où Ny Taninsika a élu domicile, le travail de l’ONG avec laquelle Maniry entretient des échanges permanents, consiste à assurer avec l’investissement des revenus, la formation des artisans, la mutualisation des achats de matières premières, à aider à la commercialisation des articles et au regroupement des acteurs. Ny Taninsika et Maniry ont formé ainsi un tissu de moyens autour du landibe, soie sauvage en malgache.

En cela, Maniry intègre dans son action les exigences liées au au commerce équitable. « La route est longue, la tâche est ardue. Notre attachement est profond, notre engagement reste entier. » assure le président de l’association.

Les vêtements et accessoires sont réalisés dans des fibres végétales. Avec les actions autour du landibe, il s’agit de faire prendre conscience aux paysans des dégâts causés par leurs actes. « Couper du bois, c’est détruire son gagne-pain quotidien. Abattre des arbres, c’est, du même coup, empêcher les vers à soie de déposer leurs cocons », poursuit le co-fondateur de Maniry, dont la présence auprès des paysans et artisans vise à informer également sur l’importance de préserver les ressources d’aujourd’hui pour assurer l’avenir des générations de demain. En cela, les actions d’information et de préservation de l’association s’intègrent ainsi dans le développement durable.

Au bercail de Dama de Mahaleo, dans la région d’Amoron’i Mania, délimitée au nord par Vakinankaratra, à l’ouest par Menabe, la Haute Matsiatra au sud et dans les villages aux abords de la grande forêt de tapia, à Ambatofinandrahana, région de 5 000 ha, à 100 km d’Ambositra vers l’est, le message semble entendu. Les enjeux sont multiples car il faut ainsi préserver la biodiversité de Madagascar, d’une richesse exceptionnelle, et sauver la forêt primaire du parc national de Ranomafana. Chez Maniry, la fibre verte se drape avec élégance pour faire connaître le projet de l’association : « Portez le lamba, Soulagez la planète avec Style ». Plus qu’un devoir, c’est un engagement, ainsi, se poursuit le périple sur la route de la soie.

*L’art zafimaniry consiste à sculpter dans le bois massif un grand luxe d’ornements aux motifs géométriques élaborés, chez les Zafimaniry, habitants forestiers et artisans dans la province de Fianarantsoa. Ils ne seraient plus que 25000 aujourd’hui. En 2003, reconnu comme un art menacé, nécessitant une sauvegarde urgente, l’art zafimaniry fut inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

Pour en savoir plus : www.facebook.com/maniry

Contact : C_ratsimba@hotmail.com

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