Di s’en est allé hier matin.
Après la stupeur, l’incrédulité devance la désolation quand on a fréquenté ce monument de la culture, lorsque tant de projets sont toujours en cours, lorsqu’il y a quelques jours encore, cet esprit effervescent promettait de mettre en chantier un recueil de ses interventions sur les différents thèmes déjà abordés à la Rencontre Nationale Sportive de la diaspora malgache.
Lors de cette dernière édition de la RNS à Lyon, il avait enfin pu donner la conférence inaugurale qu’il appelait de ses vœux depuis plusieurs années devant un auditoire subjugué par la fulgurance des idées, séduit par la qualité et la teneur du propos, par leur étonnante fraîcheur, devant un public ainsi convaincu par la profondeur et la sagesse pétillante de l’argumentation. Avec le recul, et puisque les grands hommes à Madagascar pressentent les temps du grand passage, c’était une ligne de son testament spirituel qu’il nous délivrait : « Toko telo maha-masa-nahandro » comme concept fondateur de la « malagassité », néologisme qu’il proposait pour l’occasion. Avec les deux « s » insistait-il.
Le soir, il honorait de sa présence la première soirée de la culture, « Alin’ny kolontsaina », pendant laquelle il déclama durant de longues minutes un poème qu’il avait écrit pour la création d’une pièce de théâtre quelques décennies auparavant, prouvant que si sa vue baissait, sa mémoire demeurait vivace, sa verve tonique.
Henri RAHAINGOSON a fréquenté la RNS depuis de nombreuses années. Chaque édition, il présentait et proposait à l’acquisition pour le public de la diaspora l’encyclopédie « Rakibolana Rakipahalalana » dont il avait dirigé la rapide publication. Chaque année, il indiquait le thème à mettre en avant relié aux actualités culturelles de Madagascar. Cette année, il avait initié et porté la commémoration du 150e anniversaire du premier journal en langue malgache dont il imprima un fac-similé. Chaque année, la culture à la RNS a bénéficié de son immense érudition d’académicien, de la bienveillance exigeante du professeur d’Université amoureux des langues, du rejaillissement de tous ces esprits illustres qu’il a côtoyé.
Il y a un temps pour tout, aujourd’hui est celui de l’au revoir. Nous préserverons tes recommandations sur l’impérieuse nécessité de faire connaître leur racines aux générations nées en dehors de Madagascar, fondements de leur identité et celle de magnifier le lien avec le Tanindrazana. Reçois toute notre gratitude et notre reconnaissance, Di.
Olivier Ramanana-Rahary Président du Comité Exécutif National de la RNS
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