Diasporas de France : l’exception malgache

Publié par Nathalie

Tout d’abord, avant tout propos, saluons le retour à la période pascale de la manifestation sportive et culturelle de la diaspora et pour les instances électrices, n’oublions pas de voter pour le logo 2014.

C’est la 39e édition de la plus grande manifestation sportive et culturelle que prépare l’organisateur de la RNS, la Rencontre Nationale Sportive, qu’est le CEN. Une gageure en 1975 lors de la création de la manifestation, quand le spectre d’une guerre civile planait sur le pays, une menace qui secoue les étudiants malgaches, décidant alors, sous la houlette de l’AEOM, créée en 1938, de fonder une manifestation sportive qui dépasse les obédiences de tous poils afin de rester solidaires pour un objectif dont la réalité, du slogan « l’amitié avant la compétition » n’est plus à démontrer depuis longtemps.

Dès les premières éditions, la manifestation sera appréciée, investie par les sportifs, des jeunes, mais aussi des étudiants à la fois ravis et rassurés de pouvoir retrouver le plaisir des soirées festives ou conviviales ou des matches qui ponctuaient un quotidien, en terre natale, pas si lointain. Retrouver l’essence d’une liesse collective qui caractérise authentiquement l’art de vivre malgache autour de rites ancestraux ou des usages séculaires, revisités ou inscrits dans des apprentissages qui se rapproprient la culture des autochtones sans doute de manière plus vivace, que d’autres diasporas si la RNS doit être l’indicateur d’un attachement aux racines que connaissent peu ou prou les autres diasporas de France ou d’Europe.

Aujourd’hui, l’évènement invite toujours à se retrouver autour de valeurs collectives consensuelles, plus que jamais d’actualité, où la montée de l’individualisme le dispute à la peur d’un avenir sombre, d’un destin subi, où les incertitudes nourries par la crise font craindre un isolement social et économique, mais la RNS va plus loin depuis plusieurs années ; la Rencontre Nationale Sportive veut abattre les frontières de la culture, les barrières de l’esprit, et revendique la vocation de permettre de s’approprier une culture souvent oubliée ou méconnue par des jeunes nés sur le sol français ; si le sport à la RNS est un formidable vecteur de partage et d’amitié, les animations d’ordre culturel ont la prétention d’offrir à la troisième génération des opportunités dont la semence se veut durable : à la fois une plongée dans ses racines, un retour sur ses origines, une ouverture sur la culture de ses parents ou ses grands-parents quand la langue de Jean-Joseph Rabearivelo* leur est tout aussi étrangère que celle de Confucius et enfin, un bouquet de culture offert à la population de la ville d’accueil, une ouverture sur les cultures du monde, une ouverture sur un autre que soi, ni tout à fait étranger ni tout à fait familier, Madagascar cultivant dans l’imaginaire de tous un mystère que l’on voudrait percer ou que l’on croit connaitre enfin lors d’un séjour, et ce qui est frappant, si longtemps attendu, rêvé parfois depuis l’enfance.

La RNS réunit chaque année entre 5000 à 7000 personnes dont 1500 sportifs. Si on tient compte sur le total uniquement des personnes originaires de l’île, ce sont près de dix pour cent de la diaspora qui font chaque année le déplacement. Les beaux-arts, la littérature, l’art oratoire, les conférences élargissent leurs aficionados pour rencontrer un public de plus en plus large, à la fois insulaire et local tandis que le succès pour les compétitions sportives des huit disciplines de le la manifestation reste inchangé, leur engouement increvable.

L’édition 2014 n’attend que vous, votre envie de partager un évènement qui fait l’exception malgache parmi les diasporas de France et d’Europe ; 1500 sportifs, 8 disciplines sportives, un village d’exposants et d’animations culturelles, 2 journées ½ d’évènements sportifs et culturels, mais aussi festifs et enfin, 4/5000 visiteurs ; aucune à notre connaissance n’est en effet parvenue à fonder un évènement sportif de cette envergure qui rassemble autant la diaspora tout en ayant la volonté de fuir les écueils du communautarisme, pour s’ouvrir aux populations locales, régionales de la ville d’accueil, hier, Toulouse, Mulhouse, Montpellier, Metz, Vichy pour ne citer que les dernières villes ayant accueilli la RNS, par une organisation bien huilée, structurée avec des instances, l’une d’entre elle, le Comité National d’Organisation, exerçant toute l’année, composé de dizaines d’hommes et de femmes, et en son sein l’art de marier harmonieusement professionnalisation, bénévolat, et valeurs de partage depuis bientôt seize ans au sein du CEN qui va opérer en 1998 la mutation associative de l’évènement.

L’édition de demain se prépare maintenant, l’édition 2014 doit aller plus loin, avec une vocation éminemment citoyenne, une organisation exemplaire par une structure qui se caractérise par sa stabilité, son état d’esprit, sa capacité à corriger ou se renouveler, sa capacité à se remettre en cause, au service d’un objectif collectif, un objectif ancré dans l’avenir. Une diaspora qui peut se définir par cette singularité associative, qui vient s’ajouter à celles plus-haut que sont ses vocations sportive et culturelle au sein d’une rencontre d’envergure. Parmi les diasporas de France et d’Europe, c’est en cela l’exception malgache en somme.

Hanitra Rabefitseheno

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