SERVICE GAGNANT SUR POUSSIERE ROUGE

Publié par Olivier Andriamasilalao

Le Tennis une discipline de la RNS

Le tennis malgache se porte bien. Au sein du C.E.N., c’est une histoire simple que nous raconte Tennis Malagasy sur un sport qui, de Malte à Marrakech en passant par Istanbul, emporte les foules lors des déplacements des joueurs.

D’un revers de la main, on s’éponge le front, on soupire le fatalisme, les mots tombent comme des balles qui échouent dans les filets. La résignation vient en effet de gagner le sommet de la Fédération Nationale du Tennis : « nous n’avons pas de sous pour emmener nos joueurs à la Coupe Davis ». Nous sommes en 2006. Madagascar est au 116e rang dans le classement du tennis mondial, autant dire au plus bas de l’échelle. Des jours meilleurs, la Fédération n’y compte guère. L’équipe nationale malagasy semble condamnée à demeurer dans le groupe 4.

C’est ignorer la détermination des inconditionnels de la balle jaune. Ainsi, Tennis Malagasy, conduite par Zo Rabarijaona, fondateur et président de l’association membre du C.E.N, sera le coup de pouce providentiel. Mais notre interlocuteur ne s’en enorgueillit pas. Car le tennis, pour ce dernier, est une passion simple sans fioriture, sans bruit, mais qui postule aux premières places ici et là-bas, sur les courts de l’hexagone et la poussière rouge de l’île. Cinq ans plus tard, Zo Rabarijaona est intarissable pour nous conter les périples de la balle sur le sol malgache et andafy. Car ses convictions auront raison du parcours de combattant que représente celui de tout joueur de tennis malgache : pas de salaires, à l’inverse des équipes adversaires.


Rappelons que les tournois de l’OPEN tennis malagasy sont homologués par la Fédération Française du Tennis depuis 2002 et que le nombre de joueurs ne cesse d’augmenter.


2006-2010 : Des coups droits auront sifflé, des revers auront frappé. Depuis, nul ne pourra contester que ce sport sur terre battue a gagné des galons. Les stars montantes ou les graines de champions peuvent défiler avec fierté sous les couleurs de l’île lors de championnats internationaux. Signes particuliers : le service sans faute d’Antso Rakotondramanga qui représentera, en Égypte, à Malte et au Maroc, la nation lors de la Coupe Davis en mai dernier, le revers digne d’un mousquetaire de Lofo Ramiaramanana, qui disputera les couleurs du pays en 16e des finales junior de l’US OPEN en 2007, vainqueur de l’OPEN Tennis Malagasy 2010, enfin, les enjambées félines de Natacha Randriantefy et Seheno Razafindramaso remportant la Médaille d’Or du double dames lors des championnats d’Afrique des Nations en 2007 en Tunisie. Sifflantes, fulgurantes ou inattendues, les balles fendent l’air pour hisser l’île, aujourd’hui, au 80e rang du classement mondial, le tennis portant haut les couleurs du pays, devançant désormais la Tunisie. Son rayonnement dépasse largement l’aura des joueurs. « Le tennis est une occasion de mettre en valeur le pays », poursuit Zo Rabarijaona. « Peu de dirigeants, chez nous, voient l’intérêt d’envoyer des joueurs disputer des championnats hors de l’île alors que l’engouement des populations, des villes d’accueil est réel, les bus, les taxis, les journaux, la télé, tout le monde s’empare de la compétition, et même effervescence dans les boîtes de nuit ! De plus, paradoxe démocratique, Madagascar est un modèle pour beaucoup de pays émergeants ou moins connus sur la scène internationale ! Les productions de Walt Disney n’auront pas été non plus étrangères au charisme naissant mais réel de nos joueurs et au-delà, à notre pays, notre tanindrazana est désormais connu même au fin fond d’Azerbaïdjan… ». À Malte en 2006, à Tunis en 2007, à Plovdiv en Bulgarie en 2008, à Istanbul en 2009, à Marrakech en 2010 -peut-être, espérons-le- à Madagascar en 2011- les villes sont autant de victoires pour un sport qui grimpe les marches à grandes foulées. À Tunis, à Marrakech, en Bulgarie, à Malte, dans leurs divisions, les joueurs de la Fédération n’ont pas démérité, remportant dans leurs filets autant de reconnaissance que de médailles. Mieux encore, Madagascar, désormais aux portes du groupe 2, est le premier pays africain noir depuis les championnats qui se sont disputés à Marrakech en mai dernier, deux semaines après la Rencontre Nationale Sportive, à Montpellier.

Car « la R.N.S., c’est aussi ça : repérer les futurs champions, comme ce fut le cas avec Armand Rafalimanana. »

«Cordages, raquettes, balles, visas, billets d’avion, hébergement, et enfin argent de poche : on n’imagine pas tous les frais que peut engendrer la participation à des compétitions de haut niveau», nous apprend notre interlocuteur, tombé très tôt dans les mailles du filet. « Les déplacements sont financés par l’agence Cap Madagascar », poursuit-il en soulignant la contribution du C.E.N. Dans le droit fil des objectifs de la R.N.S., contribuer au développement du sport malgache, «le C.E.N. a pu prendre la mesure des problèmes financiers» ajoute t-il. Un don pécuniaire d’un montant de 500 euros en 2008 va constituer une cagnotte non négligeable pour les dépenses de la tournée bulgare. La R.N.S. poursuit les mêmes objectifs lorsque la même année, du matériel dont la valeur s’élève à 3 500 euros viendra sensiblement améliorer l’équipement d’un club, à Madagascar, participant à des championnats en Bulgarie.

Le panorama du tennis ne serait pas complet si l’on ne s’attardait pas sur les rencontres pascales. « Sur les courts, les joueurs enchaînent les compétitions sans relâche pour permettre à tous les inscrits de participer à une rencontre qui devrait aussi avoir la particularité de fédérer tous les joueurs et détecter les talents», conclut notre interlocuteur. Car « la R.N.S., c’est aussi ça : repérer les futurs champions, comme ce fut le cas avec Armand Rafalimanana. » Enfin, rappelons que les tournois l’OPEN Tennis Malagasy sont homologués par la Fédération Française du Tennis et que le nombre de joueurs ne cesse d’augmenter : deux cent soixante joueurs, petits et grands, de 7 à 77 ans, qui savourent leur plaisir lorsqu’ils peuvent participer également à l’Open Tennis Malagasy, le rendez-vous des joueurs, de toutes nationalités, d’ici ou d’ailleurs, des amateurs et des professionnels de la balle jaune pour se rencontrer, s’amuser, se mesurer. « Prochain rendez-vous à Châtenay-Malabry les 8-17 juillet 2011 », promet notre amoureux de la raquette. Traduire : de bonnes moissons s’annoncent devant nous pour un service sans faute sur poussière rouge.

Pour en savoir plus : www.fft.fr

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